Même la plus discrète ne peut mentir à tant de solitude — Ash.

La fabuleuse histoire de la grande Ash commence le jour où sa mère, jeune adolescente de dix-sept ans, tomba folle amoureuse d’un homme quelque peu plus vieux qu’elle. Il l’avait séduite, il lui avait murmuré des mots doux, il l’avait attiré peu à peu dans son lit. La demoiselle se nomma Natasha, elle vivait dans le sud du Minnesota, et lui n’avait donné que son nom et, au final, son adresse. Il l’a sorti pendant un moment, l’a entretenue, lui a fait voir du pays. Et puis, il a appris qu’elle était enceinte. Et il a disparu. Comme s’il n’avait jamais exister. Pourtant, la petite vie qui grandissait peu à peu dans le ventre de ce bout de femme était bien réel. Ses parents étaient verts de rage et ils la jetèrent de chez eux, enceinte, et sans emploi. Elle rencontra un homme dans le fastfood où elle travaillait un soir. Il lui fit la cour, il essaya de la charmer. Mais il se cogna contre un mur, elle avait déjà vécu ça. Pourtant, il continua. Il lui demanda son numéro, lui proposa des rendez-vous. Et un soir, elle céda. Elle passa une agréable soirée et, l’année suivante, quand le petit loup pointa le bout de son nez avec un mois et demi d’avance, Paul Fitzgerald reconnu l’enfant. Il l’adopta et épousa la mère. Il l’aimait, elle avait aussi succombé au charme du chef d’entreprise. Il avait lancé sur le marché une entreprise de jouets pour enfants qui avait fonctionné du feu de dieu et, en faisant les bons placements, il avait très vite été riche. Très riche.

Ashley était née en plein mois d’avril, le 27 avril très exactement. Elle avait rendu la vie de sa mère tout de suite plus amusante. Ils avaient emménagé dans une petite maison de Rochester, la typique maison américaine avec la barrière blanche, la pelouse verte et le golden retriever dans le jardin. Elle avait grandi sans jamais manquer de rien, aimée et cajolée par toute sa famille ainsi que par les nounous. Même les grands-parents maternels d’Ashley avaient succombé à sa bouille joyeuse quand la petite famille était venue leur présenter l’enfant au début du mois de juillet suivant sa naissance.

Mais la vie de la jeune fille fut bouleversée quand, quatre années plus tard, après leur mariage, Natasha et Paul décidèrent de faire un second enfant. Elle avait quatre ans quand sa sœur, Lorelei, est née. Mais cet écart de cinq ans avait creusé un fossé. Et les parents de Paul accordaient plus d’attention à Lorelei qu’à Ash, qui finit par rester dans son coin. Oh, elle ne se laissa pas abattre. Elle est heureuse, elle s’amuse avec ses petits camarades de classe, elle s’amuse même avec sa sœur parfois. Mais en arrivant au collège, ses centres d’intérêts étant fondamentalement différents de ceux de ses petits camarades, elle finit par conserver une petite poignée d’amis. Mais elle se fichait pas mal de ne pas être populaire. Au lycée, même combat. Ses deux meilleurs amis étaient tout ce qu’elle voulait avoir, elle se fichait du reste.

Elle n’a jamais vraiment été quelqu’un de compliquée, elle était tellement occupée qu’elle n’avait jamais le temps de s’ennuyer. En parallèles, Lorelei était une égérie. Elle était populaire, elle était belle, elle se maquillait, aimait la mode, suivait la mode. Elle écoutait ce que tout le monde écoutait, elle regardait les mêmes films que les autres. Et comme elle savait mener son petit monde à la baguette, elle avait toujours été la petite princesse de son papa, la princesse de sa mère aussi. Ash n’avait pas à se plaindre, Paul lui avait donné de l’amour. Mais ce n’était pas pareil, Lorelei c’était sa chair, son sang.

A 16 ans, un nouveau chambardement intervient dans sa vie : un déménagement.
Paul était un homme d’affaire et, ses affaires le menèrent directement en Angleterre. La maison était plus grande, le jardin plus vert, la barrière plus blanche et le golden et bien. Il n’était pas bien grand puisqu’ils en adoptèrent un nouveau après le décès de leur vieux chien. Ash dit aurevoir à ses amis et ce fut un déchirement. Pour Lorelei aussi, elle fit une crise pour ne pas partir. Mais c’est elle qui s’adapta le mieux. Ils s’installèrent dans le nord de Londres.
Et puis, elle eut la révélation de sa vie. Elle découvrit, en 2005, la série Supernatural. Et ce fut la fin, elle voulait faire ça. Ses parents la sommèrent de faire un métier « normal » en même temps et elle accepta d’avoir un diplôme. En sortant du lycée, elle intégra la faculté de lettre, quittant le cocon familial. Ils lui louèrent une chambre étudiante près de la fac et quatre années après, elle obtient son diplôme. Elle entra au journal et commença à mettre des sous de côtés. Et durant ces deux années, elle n’a rien fichu dans son métier de chasseuse parce qu’elle n’avait pas trouvé la planque parfaite, alors elle resta au journal autant de temps qu’il lui avait fallu. Aujourd’hui encore, elle continue. Elle sait qu’elle doit manger et elle sait que ses parents ne vont pas l’entretenir toute sa vie. Elle a demandé à acheter ces appartements pour être autonome. Que ce serait la dernière chose. Enfin, c’est ce qu’elle a dit.
Aujourd’hui, elle a entendu parler de cette école, des rumeurs, des monstres. Alors, elle a postulé pour être professeur de lettres. Après tout, elle a un diplôme dans le domaine, elle devrait pouvoir enseigner à des ados. Est-ce qu’elle a pleinement conscience d’où elle s’est embarquée ? Absolument pas.

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