(pnj) assassiner l'ennui

Ronflement rauque, grondement vibrant à travers les buissons du parc. Étrange vacarme venant briser le silence d’une après-midi, quelque peu trop calme au sein de l’académie. La douceur du début du printemps semblant bercer délicatement les instants les plus mielleux qui soit, entre étudiants. D’autres âmes profitaient de ce silence afin de s’éclipser tranquillement, sans un mot, pour s’adonner à des passes temps tous plus variés les uns que les autres. Certains favorisaient les arts occultes, tandis que d’autres la lecture. Il faut l’admettre, l’originalité n’était pas du goût de tous, certains étudiants, professeurs se montraient beaucoup plus « conventionnel » que d’autre, se parant d’une humanité désespéramment orgueilleuse. Puéril, c’était la pensée de certains, à ne pas en douter. D’autres, s’en fichait éperdument. Comme toi par exemple. Devenu professeur afin de combler l’ennui, hanter par une voisine particulièrement bruyante, et le comble de l’ironie, une collègue. Un soupir las qui vibre encore, tu ne rêvais que d’une chose, un fantasme que tu ne tardas pas à réaliser, fuyant à la première occasion par une fenêtre entre-ouverte, étrangement, cela te semblait être la voie la plus discrète pour esquiver les responsabilités. Finalement, tu te volatilisa peu avant que, ce qui semble être les grondements d’une bête ne vibre à travers le parc. Sans doute étais-ce la nature qui reprenait les dessus sur l’homme, monstre reptilien somnolent, isolé sous cette carcasse si humaine qui dormait à point fermer, source de la nuisance sonore. Oui, cela ne pouvait être que toi, rattrapant les quelques heures de sommeil qu’une cinglée t’a cruellement arraché dans ses chants terrifiants. Tu maudis le propriétaire de ne pas avoir isolé ces maudits murs.

Sommeil lourd, pourtant aisément interrompu par le pollen te caressant délicatement les narines. Éternuement qui te ramène à la réalité, réveil brutal qui emporte le bouquin poser sur ton visage quelques mètres plus loin. Juron à peine étouffer. « Merde. » accompagné d’un long bâillement. Tu pourrais dire que tes forces t’abandonnent, bien que cela ne soit qu’un doux mensonge, flemme devenue reine avec le temps, l’illusion de l’âge qui s’étire, te décourage à te lever. Finalement, tu abandonnes une lutte vaine et te rallonge en fouillant dans ta poche droite à la recherche d’un paquet de clope qui se décompose heure après heure. Par réflexe, tu amènes l’avant dernière cigarette, tordue, à tes lèvres avant de faire danser entre tes doigts briquet en métal afin de l’allumer, qu’importe le règlement de l’établissement, après tout, pas vu, pas prit. Tu laisses doucement l’arôme mentholé envahir ton palais avant d’inspirer l’épaisse fumée blanche, cancer au bout des doigts, est ce que tu risques réellement ta vie en consommant ça ? A ta connaissance et après presque un siècle de consommation, ça aura juste été un véritable investissement financier qui n’a encore rien rapporté, même pas la moindre quinte de toux. Soupir là, tu récupères le bouquin abandonner à quelques mètres de toi en te redressant, le dos appuyé contre l’arbre derrière toi, tu te laisses porter par l’ennui et te plonge dans une lecture inutile. Quelques astuces de pédagogies.

Laissant finalement place au silence, les mots dansent silencieusement entre tes lèvres, léger réflexe présent lorsque la lecture ne s’annonce guère passionnante, une manière de te noyer dans un océan littéraire débordant d’ennui. La wyvern que tu es n’a jamais été en grand amoureux des manuels et autres guides, tu n’étais pas l’exemple de la personnalité la plus scolaire qui soit. Ta manière d’enseigné en était la preuve. Ombre qui se profile face à toi, tu lèves les yeux face à l’inconnu(e) un peu trop curieux, qu’est-ce qu’on peut bien te vouloir ? Tu ne serais quand même pas en retard pour ton prochain cours?